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Il y a des expériences qui, sans qu’on s’y attende, deviennent des révélateurs. Pour moi, ces 13 km courus le lendemain de mes 45 ans ont été bien plus qu’une course : un passage, un apprentissage, une rencontre avec moi-même. Ce défi que je pensais sportif s’est transformé en véritable voyage intérieur.

Pourquoi j’ai décidé de courir ce jour-là

Le week-end dernier, j’ai couru les 13 km du Beaujolais.

C’était le lendemain de mes 45 ans, et je crois que je n’aurais pas pu imaginer plus beau symbole pour célébrer cette étape de ma vie.

Je me suis lancé ce défi fin 2024, quand j’ai découvert la date de la course.

Je serais incapable de vous dire ce qui m’est passé par la tête — je ne suis pas une “runneuse” très assidue — mais c’était une évidence : il fallait que je coure ce jour-là.

Ce défi, je ne l’ai pas relevé pour la performance, ni pour un chrono.

Je l’ai relevé pour tester mes limites, pour honorer cette nouvelle partie de vie qui commence… peut-être même pour rencontrer une version de moi que je ne connaissais pas encore.

Comme si j’avais besoin de “débloquer” un nouveau niveau de personnalité, comme dans un jeu vidéo !

Ce que je ne savais pas encore, en enfilant mes baskets, c’est que cette course allait devenir une véritable transformation — et bouleverser profondément mon quotidien et ma façon de voir les choses.

Avec le recul, je me rends compte que cette motivation ressemble beaucoup à celle des femmes qui franchissent la porte de mon cabinet :

“Je ne sais pas si j’en suis capable, je ne sais pas trop pourquoi je suis là… mais j’aimerais essayer. Je sens que c’est important pour moi.”

Une course comme un travail thérapeutique.
Un anniversaire comme un passage.
Une seule envie : avancer.

Quand avancer me faisait perdre pied (au propre, comme au figuré !)

Pendant les mois d’entraînement, j’ai eu plusieurs moments de doute.
Je courais plus régulièrement, j’avais téléchargé des applis, je comptais mes kilomètres… J’étais très assidue — trop, sans doute.

Le jour où mon corps à dit stop

Ce dimanche de mai, je m’en souviens parfaitement.


Je pars courir, fatiguée, avec une cheville douloureuse depuis plusieurs jours.

Mais j’étais plongée dans mes calculs de progression, dans ma volonté de faire mieux.

Alors j’ignore les signaux, j’enfile la chevillère de mon fils… et j’y vais.

“No pain, no gain”, paraît-il.

Huit kilomètres plus tard, je rentre en pleurant, incapable de retirer la chevillère.


Ma cheville est en vrac : impossible de poser le pied.
Mais évidemment… je me dis que ça va passer !

Plusieurs semaines à boiter (et un week-end de rando dans le Jura !) plus tard, le verdict tombe : fracture de fatigue.

Tout s’effondre.
Entraînement à l’arrêt pour l’été.
Aucun appui autorisé.
Et une immense frustration.

 

Quand il a fallut accepter de ralentir

S’est ouverte alors une période compliquée.
Ma cheville restait douloureuse, le temps passait, et je devais me battre contre moi-même pour ne pas repartir trop tôt.

Blessée en mai, j’ai repris doucement la course en août.
Et j’ai dû affronter la vérité du sportif :
quand tu t’arrêtes, tu repars de zéro, ou presque.

À trois mois de la course, j’ai quasiment dû tout reprendre au début.
Reprendre confiance en mon corps, en ma capacité à y arriver… en moi, tout simplement.

Et puis il a fallu rallumer la motivation. Elle qui débordait en janvier… était totalement absente au moment de m’y remettre.

Pour être honnête, je n’avais aucune envie de recommencer.
Je détestais mon appli d’entraînement qui me renvoyait en permanence que je n’en faisais pas assez.
Je me voyais de moins en moins sur la ligne de départ.
Je cherchais même comment vendre mon dossard.

Bref : je cherchais toutes les excuses possibles pour ne pas être là le jour J.

Accepter la difficulté au lieu de la nier

Si je vous raconte tout ça, ce n’est pas seulement pour me plaindre (quoique !).

C’est pour montrer que
derrière les réseaux, les photos, les vidéos et les sourires victorieux, il y a de l’acharnement, de la peur, des déceptions, de la douleur et beaucoup, beaucoup de doutes.

Finalement, la course en elle-même n’a été que la cerise sur le gâteau.

Bien sûr que je suis fière d’avoir pris le départ.
Bien sûr que j’ai (encore !) cru que j’allais abandonner.
Bien sûr que j’ai douté jusqu’au bout.

Mais j’ai vu aussi que j’étais capable de faire un pas de plus après celui que je pensais le dernier.
Un kilomètre de plus que mon maximum.
De passer la ligne d’arrivée tout en encourageant d’autres femmes qui, elles aussi, vivaient leurs difficultés.

La course — et tout ce qui l’a précédée — m’a forcée à accepter la difficulté au lieu de lutter contre elle.

Un jour, j’ai arrêté de me dire :
“Ça ne devrait pas être aussi dur.”
Et j’ai commencé à penser :
“C’est difficile… d’accord. Et je peux avancer quand même.”

En thérapie aussi, c’est comme ça.

Regarder son histoire demande un effort.
Revisiter ses blessures peut être douloureux.
Le corps réagit, se tend, se défend.

La difficulté n’est pas un échec : elle fait partie du processus.

Et paradoxalement…
c’est lorsque l’on cesse de résister que le chemin devient plus accessible.

Trouver ses ressources internes (même quand on croit qu’on n’en a plus)

Dans les derniers kilomètres, j’ai dû puiser dans mes ressources les plus profondes.
Une phrase.
Un souvenir.
Une image.

Je me suis rappelé pourquoi je faisais ça.
À la femme à laquelle j’avais envie de ressembler en relevant ce défi.
Je me suis mise à respirer autrement.

À me reconnecter à quelque chose d’intérieur, de plus fort que la fatigue.

Cette sensation, je la vois souvent chez les femmes que j’accompagne.

Elles pensent avoir atteint leurs limites :
rompre une relation toxique, changer de travail, transformer leur rapport à la nourriture…


Et pourtant, au moment où elles se reconnectent à leurs ressources — à une force transgénérationnelle, à un soutien oublié, à une part d’elles-mêmes laissée de côté — quelque chose se débloque.

La course me l’a rappelé :
nous avons en nous des réserves incroyables, souvent invisibles… jusqu’au moment où elles deviennent indispensables.

Le courage n’est pas l’absence de peur, mais le fait d’avancer avec elle

En franchissant la ligne d’arrivée, j’ai été submergée par une fierté brute, presque primitive.
J’avais compris quelque chose de fondamental :
je suis capable d’aller plus loin que ce que je crois.

Cette expérience a changé mon rapport à l’effort, à mon corps, à l’âge, à ma détermination.
Elle m’a rappelé que nos limites sont souvent mentales… et qu’en avançant pas à pas, on peut les repousser.

C’est ce que je vois chaque jour en thérapie.

Les femmes ne sont pas fragiles.
Elles sont puissantes, résilientes, courageuses — bien plus qu’elles ne le pensent.

Cette course m’a appris une leçon précieuse :
le courage n’est pas un état, c’est un mouvement.
Ce n’est pas ne plus avoir peur, ne plus douter ou ne plus souffrir.
C’est avancer avec tout cela.
Respirer dedans.
Continuer malgré.
Continuer avec.

Dans la vie, comme en thérapie, comme dans une course, nous n’avons pas besoin d’être certaines.
Nous avons seulement besoin… d’une chose :
faire le prochain pas.
Et parfois,
ce pas-là
change tout.

Prenez bien soin de vous,

Alexandra


 

Si cet article a résonné avec vous, c’est peut-être le signe que quelque chose mérite d’être exploré. Je serai heureuse de vous accompagner dans ce cheminement.

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