A l’heure où je rédige cet article, nous sommes à quelques jours des fêtes de Noël. Si cette période est synonyme de joie et retrouvailles pour certaines, pour d’autres elle est bien plus compliquée.
Entre pressions, attentes et croyances, je vous invite à découvrir comment, si vous en ressentez le besoin, adoucir cette période si particulière de l’année.
Noël en famille : un téléfilm feelgood ?
Aussi loin que je puisse me rappeler, j’ai toujours aimé Noël. La petite fille que j’étais attendait avec impatience cette période d’abondance de cadeau, mais aussi les réunions de famille. Le réveillon se déroulait chez mes parents, en petit comité, et le 25 en alternance chez mes parents ou chez ma tante.
J’entretiens un rapport ambivalent avec ces souvenirs. Ils ont à la fois le goût de l’enfance et de l’insouciance, mais teintés d’un goût amer de tensions et de disputes.
J’ai vite réalisé à quel point ces réceptions stressaient mes parents, en particulier ma mère. Tout devait être parfait et abondant, mais cela ne la mettait pas en joie. C’était un devoir plus qu’un plaisir. Avec le recul, je doute qu’elle appréciait ces moments.
De plus, les rapports familiaux étant ce qu’ils sont, les journées de Noël se finissaient bien souvent en pugilat entre adultes… Souvent je sentais le vent tourner et je m’éclipsais avant d’être envoyée dans ma chambre pour profiter de mes cadeaux. Mais je me revois tendre l’oreille pour essayer de comprendre ce qui se passait… Sans grand succès, mais avec un goût amer dans la bouche.
Pour ma part, il y a bien longtemps que j’ai compris que les téléfilms de Noël de M6 et les pubs Kinder sont 100% pure fiction !
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Pression à tous les niveaux
Bien souvent, à cette période de l’année, j’entends de nombreuses femmes regretter que leur famille et leur Noël ne ressemblent pas à cette image d’Epinal véhiculée par notre société. Une famille nombreuse, heureuse de se retrouver pour partager des moments de bonheur et d’abondance.
Sous la neige, si possible…
Je leur rappelle que la période des fêtes est aussi une période de tension extrême, qui exacerbe bien souvent les tensions et exerce une pression colossale sur les épaules des familles et des individus.
Bûche glacée plutôt que pâtissière, quelques minutes de retard d’un participant ou remarque sur la tenue de la petite dernière sont autant de détonateurs potentiels qui peuvent faire exploser les tensions accumulées au fil des années.
L’enjeu pour les familles est de “réussir Noël », à n’importe quel prix. Mais il est primordial de garder à l’esprit que le système familial, quelle que soit sa taille et son format, est le lieu de conflits et de rancœurs (entre parents et enfants, frères et sœurs, « pièces rapportées » etc…).
Dans le but de vouloir faire de Noël un succès, on peut être tenté de vouloir mettre un couvercle sur ces tensions et de faire comme si de rien n’était.
Or, c’est le meilleur moyen de faire exploser la cocotte…
Attentes des uns, désespoir des autres ?
A Noël, le rôle que chacun s’est vu attribuer au sein du roman familial est remis en lumière, bien souvent complètement inconsciemment dans l’esprit des protagonistes…
La matriarche ou le patriarche entend avoir toute la place qui lui est dévolue, l’enfant dévoué sera tout à l’écoute de chacun, mais surtout pas de lui même, la tante organisatrice reprendra les reines de la soirée et/ou de la journée, le père souffreteux sera au centre de toutes les attentions etc…
Et gare à celui ou celle qui voudrait sortir de son rôle pour en adopter un nouveau ! En voulant sortir de la place qui lui a été attribuée, il/elle fera bouger tout le système familial qui semblera alors être en péril et qui, bien souvent, fera bloc contre le “maillon faible” afin qu’il reprenne sa place et que tout redevienne comme avant.
Selon les souvenirs d’enfance que nous avons de cette fêtes, les émotions que nous y avons associées font de Noel le “plus bel événement de l’année” ou le pire…
Comment changer de vision ?
Comme je le répète régulièrement, la seule personne que nous pouvons changer, c’est nous. Les seules pensées et les seuls actes que nous pouvons maîtriser sont les nôtres.
A nous de choisir avec quoi nous nourrissons notre esprit.
Et, afin de démêler les faits des interprétations je vous propose ici un outil que j’aime particulièrement, créé par Brooke Castillo, une coach américaine.
Il s’agit du “Modèle” un outil d’écriture qui permet de faire le point sur une problématique précise.
En amont, le Modèle part de deux postulats : les circonstances sont neutres et nos pensées créent notre réalité.
Les circonstances (neutres) engendrent des pensées dans notre esprit. Ces dernières sont créées à partir de notre passé, nos automatismes, nos valeurs. Elles ont pour conséquences des émotions, et ces émotions créent un comportement puis un résultat.
Dans le sujet qui nous intéresse ici, cela pourrait donner ça : “Je n’ai pas du tout envie de fêter noël cette année, comme d’habitude c’est moi qui fait devoir tout organiser, et comme d’habitude ça va finir en pugilat. Ça m’énerve d’avance, je manque de patience, du coup je suis désagréable avec ma famille. Du coup l’ambiance à la maison est pourrie, c’est vraiment nul ces périodes de fête ».
A partir de ces données, le modèle ressemblerai à ça :
– Circonstance (fait neutre, que l’on peut prouver devant un tribunal) : c’est bientôt Noel
– Pensée (expression de ce que l’on pense) : c’est vraiment pourri cette période, je n’ai pas envie de faire tout celà, ça m’énerve.
– Émotion (provoquée par cette pensée): colère, tristesse, peine, angoisse
– Action (engendrée par l’émotion) : manque de patience, irritabilité, agressivité
– Résultat (obtenue sur la base de l’action) : ambiance pourrie
Le modèle permet de prendre du recul sur la situation, en la décomposant et peut être modifié en changeant la pensée.
Par exemple :
“Les fêtes arrivent bientôt, et je sais que c’est un moment compliqué pour moi. Que pourrais-je faire afin de m’apporter un peu de douceur en cette période et de vivre le prochain Noël plus sereinement ? Peut-être pourrais-je proposer le repas sous forme de buffet et proposer à chaque convive d’amener sa spécialité ? Et me programmer un massage / rendez-vous chez le coiffeur / chez la manucure la veille pour me détendre ?”
Voilà comment le modèle se transformerait :
– Circonstance (fait neutre, que l’on peut prouver devant un tribunal) : c’est bientôt Noel
– Pensée (expression de ce que l’on pense) : je sais que c’est une période délicate pour moi, comment puis-je faire pour que cela soit plus facile pour moi ?
– Émotion (provoquée par cette pensée): empathie et compréhension envers soi même
– Action (engendrée par l’émotion) : détente, relaxation, prendre soin de soi
– Résultat (obtenue sur la base de l’action) : ambiance détendue qui rayonne sur l’entourage.
Cela peut sembler simpliste, mais je vous assure que cet exercice nous aide efficacement à changer de point de vue sur les situations qui nous posent problème et à modifier notre discours intérieur.
Quels souvenirs avons-nous envie de créer ?
Depuis que je suis maman, j’apprécie de nouveau la période des fêtes, malgré certains couac. Il y a quelques années de cela, j’ai fait le choix d’une consommation plus raisonnée, ce qui n’est pas toujours évident de faire entendre à l’entourage. Que ce soit en terme de quantité de cadeaux pour les enfants, ou d’alimentation (j’ai cessé la consommation de foie gras par exemple) je me suis souvent heurtée à l’incompréhension, voire à l’hostilité de mon entourage.
Au début, ce fut difficile. J’étais blessée et je me sentais incomprise et pas respectée.
Et puis, à force de travailler sur moi même, j’ai lâché. J’ai compris que je ne pourrais jamais faire l’unanimité et que l’important était que je sois alignée avec moi même.
Et depuis, je fais en sorte de créer un Noël à notre image. J’ai mis en place des rituels avec mes enfants qui se répètent depuis qu’ils sont petits.
J’ai bien conscience que ces rituels ne sont pas immuables. Mon grand de 11 ans se charge de me le faire comprendre en refusant radicalement de participer à la confection des sablés par exemple, alors qu’il tient encore au sapin. Son petit frère de 9 ans prend encore plaisir à manier les emporte-pièces et à grignoter la pâte crue.
Je sais qu’un jour je serai peut-être la seule à la manœuvre, mais je suis à l’aise avec ça. L’idée étant de ne pas figer mes enfants dans des rituels obligatoires, mais plutôt de nous créer des souvenirs.
Mon but ultime serait atteint si une odeur, une chanson ou tout autre stimulus les ramenaient aux Noel de leur enfance avec plaisir.
Et peut-être un jour, qui sait, auront-ils plaisir de partager ces rituels avec leurs enfants.
Si vous ne deviez garder qu’une chose de cet article, c’est que vous êtes aux manettes de votre vie. A vous de créer les situations qui vous permettront, plus tard, de vous retourner et de vous dire que malgré les circonstances, vous avez fait de votre mieux et que vous avez de beaux souvenirs.
J’espère que ces quelques mots vous auront apportés un peu de douceur, si vous en aviez besoin.
Je vous souhaite de passer de belles fêtes de fin d’année, à votre image.
Prenez soin de vous,
Alexandra.
