Le génosociogramme est l’outil central de la psychogénéalogie. Mais que se cache-t-il derrière ce nom complexe ?
Partons ensemble à la découverte de cet arbre particulier, véritable miroir des liens et des secrets familiaux.
Qu’est-ce que le génosociogramme, en quoi peut-il enrichir notre compréhension de nous-mêmes, et comment débuter sa construction ?
Construire son arbre généalogique, ou plus précisément son génosociogramme, est une expérience à la fois fascinante et profondément transformative. Cette démarche permet non seulement d’honorer nos ancêtres, mais aussi d’explorer les dynamiques et schémas qui ont façonné notre histoire familiale – et, par extension, notre identité.
Qu’est-ce que le génosociogramme et quel est son intérêt thérapeutique ?
Une cartographie des liens familiaux
Outil fondamental de la psychogénéalogie et de l’analyse transgénrétationnelle développé par Anne Ancelin Schützenberger, le génosociogramme est une représentation graphique des relations et des événements au sein d’une famille, sur plusieurs générations.
Il ne se limite pas à un simple arbre généalogique qui recense des noms et des dates : il intègre également les relations inter-personnelles, les non-dits, les secrets, et les répétitions de schémas.
Visuellement, cet outil utilise des symboles codifiés : des cercles pour les femmes, des triangles pour les hommes, des traits pour représenter les relations, et des couleurs ou annotations spécifiques pour signaler des événements marquants.
Un reflet de la mémoire subjective
Contrairement à une recherche généalogique classique, le génosociogramme s’appuie initialement sur la mémoire et les perceptions de la cliente.
Cela signifie qu’il reflète l’histoire telle qu’elle est ressentie et transmise, souvent avec ses zones d’ombre et ses distorsions.
Cette approche subjective est essentielle pour identifier les « trous », les silences et les récits familiaux biaisés, qui sont souvent porteurs de significations profondes.
Pourquoi construire un génosociogramme ?
Décrypter les schémas transgénérationnels
En remontant sur trois ou quatre générations, le génosociogramme met en lumière des motifs récurrents ou des « loyautés invisibles ».
Par exemple, des familles peuvent transmettre inconsciemment des croyances, comme « les femmes de la famille ne réussissent jamais en amour », ou « les hommes sont condamnés à porter le poids financier des autres ».
Ces schémas, lorsqu’ils ne sont pas identifiés, peuvent limiter ou influencer nos choix de vie.
“Nombre de nos ascendants auraient voulu vivre une vie complètement différente de celle qu’ils ont vécue. L’arbre porte en mémoire des désirs insatisfaits, des désirs de réalisation personnelle qui sont restés secrets”
Elisabeth Horowitz.
Un hommage à nos ancêtres
Explorer son histoire familiale, c’est aussi reconnaître la richesse et la complexité de la vie de ceux qui nous ont précédés.
Ce travail rend hommage aux générations passées en mettant en lumière leurs luttes, leurs sacrifices, et leurs espoirs.
Cela permet également de trouver un nouveau regard sur nos propres défis, en comprenant mieux les racines de certaines émotions ou comportements.
Un outil thérapeutique puissant
Le génosociogramme agit comme une boussole, guidant le travail thérapeutique. En révélant des liens insoupçonnés ou des secrets enfouis, il ouvre la voie à des prises de conscience libératrices.
Par exemple, comprendre que le silence d’un grand-parent autour de la guerre a influencé une peur diffuse de l’abandon peut permettre de travailler cette peur en thérapie.
Les étapes de la construction du génosociogramme
Collecter les données de base
Le point de départ est de consigner les noms, prénoms, dates de naissance, de mariage et de décès de chaque membre de la famille sur trois à quatre générations. Ces informations sont souvent disponibles dans les livrets de famille ou les archives d’état civil.
Pour aller plus loin, il est utile d’ajouter des détails comme les professions, les lieux de vie, et les grands événements de vie (maladies, déménagements, divorces, etc.).
Explorer les circonstances
Ce qui distingue le génosociogramme d’un arbre généalogique classique, ce sont les informations qualitatives :
- Naissances : circonstances de conception, enfants hors mariage, fausses couches, avortements.
- Décès : morts violentes ou prématurées, accidents, suicides, génocides.
- Traumatismes : faillites, licenciements, divorces conflictuels, conflits familiaux.
- Événements historiques : exils, guerres, migrations.
Ces informations, souvent obtenues par des récits familiaux, peuvent révéler des blessures encore « actives » dans l’inconscient familial.
Représentation visuelle
Une fois les informations compilées, elles sont organisées sous forme de graphique, en utilisant les symboles et annotations appropriés.
Cela permet d’identifier rapidement des schémas récurrents, comme des dates anniversaires ou des répétitions de traumatismes (par exemple, des décès survenant toujours à une certaine période de l’année).
Les bénéfices du génosociogramme
Comprendre les répétitions familiales
De nombreuses familles sont marquées par des schémas répétitifs.
Par exemple :
- Des « familles à divorces », où chaque génération connaît des séparations conflictuelles.
- Des « familles à faillites », où des problèmes financiers récurrents surviennent à des moments clés.
- Des familles où une même profession se transmet, reflétant parfois des rêves inachevés ou des « loyautés invisibles ».
Ces motifs, une fois identifiés, permettent de se libérer de certaines injonctions inconscientes et de vivre sa propre vie, en dehors des attentes ou traumatismes hérités.
Accueillir et transformer les blessures transgénérationnelles
Lorsqu’un ancêtre a vécu un traumatisme non exprimé, comme une guerre ou un deuil, cette douleur peut être « transmise » inconsciemment à ses descendants. En mettant ces blessures en lumière, le génosociogramme offre une opportunité de reconnaissance et de guérison.
Par exemple, une cliente qui découvre que son anxiété chronique est liée au silence d’un grand-parent sur la guerre peut travailler en thérapie pour réintégrer cette mémoire avec plus de sérénité.
Précautions lors de la construction du génosociogramme
Respecter les limites des autres
Certains membres de la famille peuvent se montrer réticents à partager des informations, soit par pudeur, soit par douleur. Il est important de respecter leur choix et de ne pas insister. Leurs silences peuvent aussi avoir une signification : ils révèlent des « zones d’ombre » qui méritent d’être explorées avec douceur et respect.
Accepter l’incertitude
Le génosociogramme n’a pas vocation à être parfait ou exhaustif. Il est normal qu’il reste des « trous » ou des incohérences, car il reflète une histoire humaine, complexe et parfois fragmentaire.
Pourquoi se faire accompagner ?
Bien que la construction d’un génosociogramme puisse être réalisée de manière autonome, travailler avec un professionnel en psychogénéalogie ou en analyse transgénérationnelle offre plusieurs avantages :
- Prendre du recul : Un thérapeute peut aider à interpréter les schémas ou répétitions avec un regard objectif.
- Travailler sur les émotions : Certaines découvertes peuvent être bouleversantes. Un accompagnement permet de les intégrer en douceur.
- Approfondir l’analyse : Avec des outils complémentaires comme l’hypnose, les constellations familiales ou le photolangage, un professionnel peut vous aider à aller plus loin dans votre compréhension de vous-même.
Comment démarrer votre génosociogramme ?
Si cet article vous a donné envie de plonger dans l’histoire de votre famille, voici quelques pistes pour commencer :
- Collectez les documents de base : livrets de famille, actes d’état civil, archives en ligne.
- Discutez avec vos proches : avec tact, demandez-leur de partager leurs souvenirs.
- Notez vos ressentis : quels schémas ou émotions émergent au fil de vos recherches ?
- Sollicitez un professionnel : pour aller plus loin dans l’analyse et bénéficier d’un accompagnement personnalisé.